Au départ de ce 102e Tour de France, difficile de donner avec certitude un nom pour la victoire finale tant le plateau est relevé. Une densité rarement vu ces dernières années. Des coureurs séduits par un parcours avec peu de contre-la-montre et des étapes où tout peut se passer. Cela explique la faible opposition proposait à Contador sur le Giro.
Quatre coureurs se détachent pour la victoire finale, les quatre fantastiques comme on pourrait les appeler. On retrouve Alberto Contador, Christopher Froome, Nairo Quintana, Vincenzo Nibali. Ils s’affronteront sur un parcours qui convient aux quatre et aucun ne partira avec un gros avantage car peu de contre-la-montre.
Alberto Contador, déjà 44 jours de courses dont 4 victoires, il a disputé le Giro, est peut-être celui qui a le moins à perdre. En effet, il a déjà remporté le Giro. Son objectif est réussi à moitié car il vise le doublé Giro-Tour. Un objectif pas évident dont il a déjà échoué en 2011 et dont Pantani est le dernier à l’avoir réussi en 1998. Même si les conditions n’ont pas été éprouvantes sur ce Giro 2015 comme les années passées, il a néanmoins laissé quelques cartouches, une chute et un jour sans l’avant dernière étape qui aurait pu lui coûter plus cher. Mais sur quelques étapes, il a couru à l’économie car ce n’est pas son habitude de seulement se contenter de suivre. En 2011, la dernière semaine lui avait été fatale, c’est celle qui lui correspond le mieux avec des étapes courtes qui peuvent lui permettre de mettre son panache en avant. Son équipe a été beaucoup critiqué sur le Giro et pourtant, il aura quatre coéquipiers qui feront avec lui ce doublé. Ont lui a reproché d’être vite esseulé et sa difficulté à tenir la course. Elle semble cependant beaucoup plus solide en montagne avec le renfort de Majka, le vainqueur sortant du maillot de meilleur grimpeur. Valgren, Bennati et Sagan s’y ajoutent également et remplacent Jull Jenssen, Boaro, Rovny et Paulinho. Néanmoins cela reste celui qui est le moins favori des quatre.
Nairo Quintana, 36 jours de courses dont 2 victoires. C’est un peu l’inconnu des quatre sur sa condition. Malgré qu’il ait rassuré sur la Route du Sud en suivant Contador dans le Port de Balès. En effet, après le Tour de Romandie, il est allé se préparer pendant deux mois en Colombie. Une préparation qui paye car il l’a déjà fait par le passé avant des Grands Tours. Il a quand même remporté Tirreno Adriatico en ce début de saison. Sa force c’est que c’est surement le meilleur grimpeur des quatre mais reste à savoir comment il va passer les étapes de la première semaine qui allie vent et pavés. Il a autour de lui une grosse équipe avec comme équipier de luxe qui va prendre un malin plaisir a semé la zizanie, Valverde, qui peut aussi lui être un poison comme on a pu le constater entre Aru et Landa sur le Giro. Il retrouvera rarement jusqu’à la fin de sa carrière également un Tour avec si peu de contre-la-montre individuel, seulement 14 kilomètres. On le placerait numéro 1 des quatre favori.
Christopher Froome, 27 jours de courses dont 5 victoires. C’est celui des quatre qui a le moins couru et qui a le plus gagné dont le Tour d’Andalousie où il a battu notamment Contador et le Dauphiné Libéré où il a battu Vincenzo Nibali. Son équipe est un atout, il a surement la plus grosse équipe des quatre avec notamment Porte, Konig, Roche, Thomas, Poels ou encore Kennaugh. Froome c’est désormais un coureur que l’on connaît bien, il courre les yeux fixés sur son capteur de puissance, il ne faut pas se fier à son impression visuel. Néanmoins, il reste un coureur quand assez irrégulier. Cela lui arrive très fréquemment d’avoir des coups de moins bien, ce sera à ses adversaires d’en profiter à ces moments là. D’ailleurs sur les deux courses qu’il gagne devant Contador et Nibali, à chaque fois il a eu un coup de moins bien, eux aussi mais sur des courses d’une semaine c’est assez rare surtout que sa préparation est censé être réglé comme une pendule. Il va redouter la première semaine encore plus que Quintana avec du vent et des pavés, un mélange qui lui avait valu l’abandon l’an passé. Heureusement pour lui, pour l’instant, la pluie n’est à l’ordre du jour en France. Le peu de contre-la-montre ne lui permettre pas de prendre un avantage sur ses concurrents mais cela ne le désavantagera pas plus que cela. Malgré cela, on le mettrait sur la troisième marche du podium.
Vincenzo Nibali, 36 jours de courses dont 1 victoire. Une victoire qui démontre sa condition physique car c’était samedi dernier lors d’un championnat d’Italie dit difficile et quand on regarde le classement et les coureurs on ne peut que l’acquiescer. Sinon le reste de sa préparation s’est résumé à des places lointaines dans les classements comme dans le le dauphiné où seul une échappée royale fera oeuvre de coup d’éclat. Mais il faut se méfier d’un requin qui dort. Mauvaise condition ou se cachait-il ? Lors du dauphiné il a travaillé pour Scarponi pour perfectionner sa condition lors d’une ou deux étapes. Au contraire des trois autres, il va profité de la première semaine, une première semaine où il avait construit sa victoire l’an passé et poussé ses adversaires à la faute. Son équipe, reste forte et similaire à l’an passé avec le renfort de Boom notamment mais elle semble néanmoins moins forte que celle dont a profité Aru sur le Giro. On le placerait sur la deuxième marche du podium.
Quelles sont ceux qui peuvent venir bousculer la hiérarchie ?
Les premiers qui nous viennent à l’esprit ce sont Valverde, Pinot, Van Garderen et Rodriguez. Valverde cela dépendra surtout du rôle qu’il a auprès de Quintana mais difficile de l’imaginer trois semaines aux services du Colombien et il jouera surement les victoires d’étapes comme au mur de Huy ou au mur de Bretagne où cela correspond parfaitement à ces qualités. Joaquim Rodriguez a pour une fois un parcours qui lui correspond avec des étapes qui arrivent en haut de murs et très peu de contre-la-montre, malheureusement il a surement laissé passer sa chance et semble un peu en dessous des quatre « fantastiques ». Cependant comme à l’image d’un Valverde on le retrouvera pour jouer sur les victoires d’étapes. Tejay Van Garderen qui a été impressionnant sur le Dauphiné Libéré et qui échoue à seulement 10 secondes de la victoire finale, c’est pas le plus élégant à regarder mais il est efficace. Il joue vraiment de régularité cette saison mais ce parcours manque un peu de contre-la-montre pour qu’il prenne un avantage sur ses adversaires. Enfin, Thibaut Pinot, qui est passé près de la victoire finale au Tour de Suisse, a montré qu’il faudra compter sur lui en montagne mais au Tour de Suisse on s’est aperçu qu’il était plus en difficulté que les autres sur certaines étapes techniques.
Il faudra également sur le duo des terres et ciels Bardet et Peraud avec des doutes comme l’an passé sur le second sur sa condition et le premier qui tentera cette fois de tenir les trois semaines car l’an passé elle a été plus difficile. La Giant Alpecin comptera sur le Breton Warren Barguil, qui est monté en puissance tout au long du Tour de Suisse et qui voudra confirmer les belles choses aperçues lors des deux dernières Vuelta avec deux victoires d’étapes et une 8e place au classement général. La Orica GreenEdge comptera sur les frères Yates. Difficile de dire qui aura les reines, cela devrait se décider en fonction du déroulement de la course mais une petite pièce sur Simon Yates qui a déjà un Tour de France à son actif (qu’il n’avait pas fini). La Etixx comptera sur Kwiatkowski dont on pense toujours qu’il n’est pas fait pour des courses de trois semaines, à lui de nous démentir, et Uran qui lui sort d’un Giro décevant avec une 14e place au classement général. Europcar comptera comme tous les ans sur Pierre Rolland qui lui jouit d’un Tour avec beaucoup de montagne et peu de contre-la-montre et tentera de rééditer sa performance du Giro 2014 avec une belle 4e place. La Lotto Jumbo aura aussi deux leaders avec le malchanceux Robert Gesink et le prometteur Wilco Kelderman, il devrait partir sur la même tactique que les années précédentes en jouant les deux cartes pour le général comme avec Ten Dam (qu est présent également) et Mollema. Mollema justement qui tentera enfin de progresser grâces à son transfert chez Trek où il sera leader unique et n’aura pas de sprinteurs dans son équipe et surtout un soutien de choix avec Arredondo dont on devrait parler mais pas pour le classement général. La Lampre Merida avec Costa dont on a les mêmes doutes que Kwiatkowski et surtout on surveillera Valls qui a remporté le Tour d’Oman en tout début de saison. La Cannondale qui vient également avec deux leaders, Talansky et Daniel Martin, eux aussi joueront chacun leurs cartes. La Cofidis qui sera autour de Bouhanni mais il y aura également Navarro qui est habitué à jouer le Top 10 depuis qu’il a décidé de s’émanciper de Contador. IAM aura Matthias Frank qui tentera de jouer les troubles fête. même si jusqu’à présent sa saison c’est le néant. La Bora Argon orphelin de Konig parti chez Sky, jouera sa carte principale Nerz mais attention au Portugais Mendes. La Bretagne Séché aura Sepulveda qui découvrira la vie sur les Grands Tours car l’an passé une blessure l’en priva. Enfin la MTN Qhubeka pour son premier Tour de France comptera sur Meintjes et pourquoi pas Kudus.
Voici donc notre pronostic pour la victoire finale. A noter que cela peut être important et cela rend la course encore plus indécise, les organisateurs ont remis des bonifications aux arrivées.
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